Un atelier de bande dessinée,
dans le cadre du Prix littéraire des lycées et apprentis.
Avec deux classes du Lycée Frédéric Mistral à Marseille.

Cet atelier a pour but de faire expérimenter la bande dessinée aux lycéens, à partir même des albums qu’ils auront à juger. Ainsi, il ne s’agit pas de former des auteurs de bande dessinée professionnels ni de leur apprendre les techniques requises. Pour que les élèves découvrent la bande dessinée – y compris parfois en tant que lecteurs, il faut que l’atelier reste ludique et qu’ils y prennent du plaisir. En cours de séance, j’apporte des réponses techniques de dessin ou de narration en fonction du besoin des élèves.

La grande majorité des lycéens n’ont pas l’habitude de dessiner. En réalité, ce n’est pas un obstacle !  Les albums sélectionnés pour le prix nous servent de matière première. Nous les photocopions, nous découpons les pages, changeons les textes, l’ordre des cases, nous les mélangeons entre eux...
Lors de chaque séance, nous réinventons une histoire en recollant, en écrivant, et en dessinant plus ou moins : « Choisissez une page et inventez de nouveaux textes. » (séance 1), ou « Choisissez une case comme début, une case comme fin, et inventez une histoire qui relie les deux. » (séance 2), « Choisissez une page et faites entrer votre personnage dedans. » etc. Savoir dessiner n’est plus indispensable : il faut surtout réussir à raconter une histoire qui "tienne debout".

Les élèves qui dessinent peuvent tout de même expérimenter un outil particulier : la plume et l’encre de Chine. Pas tant parce que cet outil a marqué une grande part de l’histoire de la BD. Mais parce qu’il donne des résultats très spectaculaires en atelier : il valorise considérablement le dessin du crayonné et il entraîne une forte concentration pour ne pas baver et tacher le dessin. En général, il donne envie à presque tous les enfants et adolescents de prendre le risque !

Les albums nominés, ainsi manipulés, sont désacralisés. Ils deviennent moins intimidants, plus abordables, recopiables… On entre dans la cuisine de la narration par la petite porte. De façon assez insolente et prosaïque : dans certaines occasions, le changement de texte en farce, même au prix de gros mots, est tout à fait toléré. D’une certaine façon, cela permet à l’adolescent de tutoyer l’album et de se le réapproprier. Et cela lui permettra de le juger de façon plus familière lorsqu’il s’agira de voter.

À chaque séance, je montre des extraits de mon propre travail aux élèves : pages originales de mes BD, extraits de découpage qui montrent le travail préparatoire de la mise en page, croquis. Je leur montre aussi des originaux du Ventre de Marseille, une chronique que je poursuis depuis quelques années sur le site Rue89 puis dans le journal papier CQFD (voir sur mon site) : cette chronique a le mérite de manipuler une narration texte et dessin de façon libre, ludique, sur un support simple (des feuilles a4 de papier imprimante). Le but de cette exposition est de montrer que, dans la bande dessinée, il n’y a rien de magique. Ce sont des feuilles, de l’encre, du travail et du plaisir de raconter.

Thomas Azuélos
(voir le blog du prix littéraire des lycéens et apprentis)